Lisa Hör - Publié le 10 juin 2019
RÉNOVATION - L'immeuble était rongé par le salpêtre et la mérule suite à un dégât des eaux. Les architectes ont profité de la réhabilitation pour ajouter de nombreuses verrières.
Difficile d'imaginer qu'il y a quelques mois encore, cet immeuble parisien était insalubre. Et pourtant, les deux appartements avaient subi un gros dégât des eaux. "Quand on l'a visité, on ne pouvait pas marcher sur les planchers", explique l'architecte Alia Bengana, sollicitée par les propriétaires aux côtés de sa consœur Capucine de Cointet. Ces planchers étaient infestés par le salpêtre et la mérule, deux champignons destructeurs.
Un énorme chantier a donc été lancé pour réhabiliter et transformer l'immeuble. Les appartements ont été réunis en un seul grand logement sur quatre niveaux. "Nous avons entièrement dû récréer le bâtiment, ne conservant que l'enveloppe extérieure qui a, elle aussi, été remodelée", soulignent les architectes.
Leur défi : réussir à apporter plus de lumière, alors que les fenêtres se trouvent sur une seule façade.
Fiche de chantier
Ouvriers
Artisans
Durée des travaux
8 mois
Budget
400 000 euros
Refaire tous les planchers pour venir à bout du salpêtre
Alia Bengana et Capucine de Cointet ont commencé par faire appel à un bureau d'étude technique pour mesurer l'étendue des dégâts. Par chance, les champignons s'étaient uniquement dans les planchers et pratiquement pas en façade.
Il a donc été possible d'assainir l'immeuble en refaisant tous les planchers.
Cela a été l'occasion de repenser entièrement la circulation dans l'immeuble et la distribution des pièces. Le logement s'organise désormais sur quatre niveaux : la cuisine et le salon au rez-de-chaussée, les chambres et un bureau dans les étages, une buanderie, une salle de jeu et de projection télé en sous-sol.
Une verrière pour inonder l'escalier de lumière
"L'essentiel du travail a porté sur la manière de faire entrer un maximum de lumière dans la maison tout en préservant l'intimité des occupants, expliquent les architectes. Nous sommes dans une copropriété parisienne typique, une petite cour où les voisins ne sont jamais bien loin." Pas question donc de percer de nouvelles ouvertures en façade, il a fallu trouver des alternatives.
Une verrière a été créée sur le toit, à l'opposé de la façade, au niveau de l'escalier. Si la nouvelle trémie fait perdre quelques mètres carrés, elle permet d'amener la lumière jusqu'au rez-de-chaussée.
Un puit de lumière dans le salon
Le plancher entre le salon et le premier étage a été ouvert pour, encore une fois, apporter un maximum de lumière. Trois luminaires design tombent de l'étage supérieur et attirent le regard vers le haut. "La vue dynamique, en diagonale, entre le salon et le bureau au-dessus, donne l'impression que l'espace est plus grand", précise Alia Bengana.
Ce salon a aussi été aménagé sur une estrade en bois, ainsi le canapé se retrouve au même niveau que la fenêtre. Le plafond a été rehaussé en conséquence.
Les propriétaires tenaient à mettre à nu la pierre meulière du mur du fond, comme témoin de l'histoire du lieu. Cela supposait de ne pas isoler le mur du fond, ce qui aurait pu poser problème. Mais le bureau d'étude thermique a confirmé qu'il était possible de compenser ce mur froid par une très bonne isolation partout ailleurs, notamment au niveau du toit. De plus, la façade non isolée est orientée sud-est et assez épaisse, elle emmagasine donc quand même de la chaleur.
Une cuisine d'un noir lumineux
Dans la cuisine, les deux murs noirs pourraient surprendre. Mais il s'agit d'une peinture velours, qui renvoie la lumière. De plus, les meubles de cuisine sont laqués : ils réfléchissent les carreaux de ciment du sol mais aussi en partie la lumière.
Surtout, les ouvertures ne manquent pas, en façade et en toiture ! Résultat, la cuisine est bien plus lumineuse que ce que l'on pourrait imaginer.
Verrières à tous les étages
"Quand on monte au premier étage, on arrive sur un palier où on accède à la chambre, et on monte encore quatre marches pour arriver dans le bureau en porte à faux sur le séjour", explique Alia Bengana. Depuis le palier, on a une vue plongeante sur le rez-de-chaussée. Mais lorsque l'on s'assoit au bureau, une planche cache la vue pour préserver l'intimité de ceux qui se trouvent au salon.
Les architectes ont eu recours à de grandes verrières pour que la chambre parentale bénéficie aussi de la clarté tombant de l'escalier.
Au dernier étage, la salle de bains dispose aussi d'une fenêtre de toit et la luminosité est accentuée par le choix du carrelage blanc sur les murs.
Les appartements insalubres sont donc devenus une maison familiale confortable de 120 m². Si la présence importante du bois et de la pierre meulière donnent un effet cocon, les occupants ne sont pas coupés les uns des autres, loin de là, grâce aux verrières et surtout à ce puit de lumière dans le salon. Une très belle réalisation !