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AVANT / APRÈS - Laetitia et son mari, tous deux enseignants et passionnés de déco, se sont lancés il y a 20 ans dans une aventure un peu folle. Retaper une maison centenaire tombée en désuétude.

Tout est parti d'une blague. La maison que convoitait Laetitia avec son mari s'était vendue avant même qu'ils n'aient le temps de la visiter. "Je t'en ai trouvé une moins chère", lui a lancé sa mère, croyant la consoler en la faisant sourire.

Moins chère, elle l'était assurément. Mais aussi en piteux état. "Les voisins l'appelaient la ruine", se rappelle Laetitia.

Ça aurait dû s'arrêter là. Sauf qu'au lieu de rire jaune et de repartir en chasse, le couple a eu un coup de cœur. "J'ai craqué pour l'emplacement, au milieu du village, avec beaucoup de mètres carrés et la possibilité de faire jardin", explique aujourd'hui Laetitia. Originaire de la région, elle rêvait de s'installer dans ce village médiéval de la Loire, à une heure de Lyon.

"Le taudis" ou "la ruine", ainsi que l'appelaient les voisins. © Gisèle en 2 actes

À 27 et 28 ans, ils se sont lancés dans une rénovation en laquelle personne ne croyait. "On était la risée du village et des copains. Ils nous disaient "vous vous rendez compte l'argent que vous mettez dans ce taudis, vous pourriez avoir une maison neuve." Quand ils faisaient des voyages et des restos, nous on payait la maison".

La maison aujourd'hui. © Gisèle en 2 actes

20 ans plus tard, ils ne regrettent rien. Au contraire, ils profitent d'une belle et grande maison de 250 m2, décorée avec passion. Une maison que Laetitia surnomme affectueusement leur Ruine, avec une majuscule.

© Gisèle en 2 actes

Fiche de chantier

Ouvriers

Des professionnels pour le gros œuvre, puis Laëtitia, son mari, son père, un voisin, des amis

Durée des travaux

1 an pour la démolition, quelques mois pour le gros œuvre, au fil de l'eau pour l'aménagement et la déco

Budget

800 000 francs pour l'achat et la première rénovation (sans l'isolation de la toiture et l'aménagement des combles)

Évacuer les gravats en Fiat Panda

Le bâtiment date au moins de 1900. Il a servi de ferme et de café-coiffeur. L'endroit avait du potentiel, mais il fallait beaucoup d'imagination et de détermination pour le percevoir : pas de tout à l'égout, pas d'électricité, pas de fenêtres, pas de portes, pas d'eau, et des montagnes de gravats.

Une maison en ruines, dite le taudis
la maison en ruines © Gisèle en 2 actes

Faire nettoyer les lieux par des professionnels aurait coûté aussi cher que la maison elle-même. Laetitia et son mari ont donc trimé à 4 mains pendant un an, pour démolir des murs intérieurs afin de décloisonner, détapisser, et surtout évacuer les gravats. "On a tout enlevé à la main, on faisait des allers-retours à la déchetterie dans ma Fiat Panda", raconte Laetitia.

© Gisèle en 2 actes

Des professionnels se sont chargé du gros œuvre en 6 mois avant que le couple n'emménage et ne reprenne la main.

C'est là qu'a été installée la cuisine. © Gisèle en 2 actes

"Novice à la base, [mon mari] a dû, afin que le montant des travaux titanesques ne dépasse pas notre petit budget, apprendre à bâtir ou rénover des murs en pierre, travailler le bois (poutres, solives et parquets), installer une cuisine, devenir un virtuose du placo, acquérir quelques bases en paysagisme, plomberie et électricité, le tout épaulé ou initié, tantôt par un voisin expert, tantôt par des membres de notre famille compatissants, tantôt par des amis toujours là pour aider et partager de bons moments", raconte Laetitia, sur son blog de déco Gisèle en 2 actes.

La cuisine après les travaux. © Gisèle en 2 actes
© Gisèle en 2 actes

Des meubles chinés depuis des années

Institutrice, mais passionnée de déco depuis toujours, Laetitia s'est "réservé le poste des peintures et papiers peints". Elle a su cependant transmettre sa passion à son mari, enseignant lui aussi. Expérimenter de nouvelles associations de textures, de couleurs et de matériaux, pour créer un décor dans chaque pièce était "une récompense après en avoir bavé pour les travaux."

© Gisèle en 2 actes

Pas de style prédominant, mais un savant mélange de tendances, de coups de cœur et de meubles chinés depuis toujours, stockés en attendant d'avoir enfin la maison où les mettre en scène. Celle-ci est grande, mais aménagée comme un cocon, un nid douillet, en multipliant les coins confortables.

© Gisèle en 2 actes
© Gisèle en 2 actes
© Gisèle en 2 actes

"J'ai parfois économisé pour m'offrir quelques pièces de créateurs (objet, mobilier, papier peint ou couleur de peinture…), me souvenant les conseils de mode de ma grand-mère Gisèle qui n'avait de cesse de me répéter qu'il suffisait d'une belle paire de chaussures ou d'une jolie maroquinerie pour donner de la valeur à une tenue… J'ai adopté cette astuce pour ma décoration", partage Laetitia sur son blog.

© Gisèle en 2 actes

De la ruine au "repère" des enfants

10 ans après avoir emménagé, à l'occasion des travaux d'isolation de la toiture, le couple s'est attaqué à un autre chantier : l'aménagement des combles. Cette fois, ils font vraiment tout eux-mêmes, y compris remplacer les poutres.

© Gisèle en 2 actes

Résultat, une chambre d'amis et sa salle de bains, dans un esprit cabane, sous les poutres apparentes. "On y dort parfois avec mon mari, pour avoir l'impression d'être en vacances", confie Laetitia.

© Gisèle en 2 actes
© Gisèle en 2 actes

Aujourd'hui, s'ils aimeraient se lancer un nouveau défi de rénovation, ils sont sûrs de ne jamais se défaire de cette maison familiale, devenu "le repère" de leurs enfants qui y ont grandi. Alors, oui, ils mesurent leur chance d'habiter une si belle demeure. "Mais on ne l'a pas eu dans une pochette surprise !", précise Läetitia. Et c'est sans doute tous ces efforts qui lui donnent encore plus de valeur.

© Gisèle en 2 actes

Visitez cette maison telle qu'elle est décorée aujourd'hui, dans cette vidéo :