Adèle Ponticelli - Publié le 13 septembre 2017
ZÉRO-DÉCHET - Gérome, Marie et leurs 5 enfants n'utilisent plus que des lingettes lavables depuis un mois et demi. Et tout va bien !
C'est un défi que même Béa Johnson, brillante pionnière du zéro déchet, n'a pas relevé. Se passer de papier toilette. Alors quand Gérome, 38 ans, annonce au détour d'une conversation que lui et sa grande famille (ils sont 7 à la maison, mais n'ont rien à voir avec la famille de la série des années 90) ont arrêté d'utiliser des rouleaux de papier hygiénique, on tend l'oreille.
Spoiler alert : dans cet article nous seront contraintes d'aborder des sujets moins glamour que de coutume. Il sera question de fesses et de fèces (attention à ne pas confondre). Mais ne fuyez pas en vous bouchant le nez ! Promis ça ne sent pas mauvais !
Pas de papier toilette depuis plus d'un mois et tout va bien
Depuis près d'un mois et demi, Gérome, Marie et leurs 5 enfants ont éliminé les “jetables” qui leur servaient à s'essuyer les fesses. Ils ont maintenant deux petites corbeilles aux toilettes. Une pour les lingettes propres, une autre pour les sales, que Marie va mettre chaque soir dans le lave-linge.
Et ça se passe comment cette révolution domestique ? “Moi, ça me va !”, assure Chloé, 16 ans, qui, comme le reste de la tribu a dû suivre le choix des parents. Eloïse a trouvé le truc pour s'adapter : “je plie les lingettes en 4 comme je faisais avant avec le papier toilette, si je ne le fais pas ça me perturbe”.
Il n'empêche, cela reste quand même “bizarre de (se) torcher les fesses et de pas jeter”, estime Chloé sans prendre de pincettes. Puis d'expliquer : “c'est psychologique”. Autrement dit, il n'y a pas de raisons logiques ou pratiques qui nous freinent. Juste nos habitudes.
Pour Gérome, cela s'explique simplement par le fait qu'on ne se pose habituellement pas de question quand on jette quelque chose à la poubelle. “Le déchet n'existe plus, donc on s'en fout royalement.”
Il en va de la poubelle comme des toilettes. Mais la lingette qui ne disparaît pas par un coup de chasse d'eau, c'est bien la preuve que nos déchets ne se volatilisent pas, et c'est forcément un peu déstabilisant.
Une vie sans PQ : la suite logique des couches lavables
Si les parents ont eu le temps de mûrir cette réflexion écologique et centrale dans la démarche zéro déchet, c'est que la genèse de ce projet remonte à fort longtemps.
C'était il y a 14 ans, à la naissance de leur 2e enfant. Ils décident alors de passer aux couches lavables pour faire des économies. Puis, le couple de jeune parents, qui découvre cet “univers”, est vite séduit par l'aspect écologique.
Alors ils passent aux lingettes lavables pour prendre soin du derrière de leur bébé. Lingettes faites maison. “On se disait, pourquoi on lave les fesses de notre enfant avec du lavable et nous on avec du jetable”, se rappelle Marie, “la question était déjà là”.
Et le papier toilette, c'est beaucoup de gaspillage selon Marie qui rappelle le chiffre de 270 000 arbres utilisés chaque jour pour leur production (chiffre extrait d'une enquête de WWF datant de 2006). Et l'eau nécessaire à le blanchir. Sans compter l'emballage et le transport.
Alors, 14 ans plus tard, de petits gestes écolos en petits gestes écolos, le pas est en enfin sauté.
Idées reçues sur les toilettes
C'est cette expérience des couches lavables qui leur a permis de passer outre un certains nombre d'idées reçue. En premier lieu, l'odeur. D'autant que les couches, “c'est plus costaud en terme d'odeurs”, souligne Gérome.
“On avait commencé à mettre les couches lavables dans un seau avec de l'eau, de la lessive, et de l'huile essentielle... À l'usage, on a laissé à l'air libre, ça sent moins. Car ce qui pose problème, c'est la macération dans un milieu humide, les bactéries s'y développent et ça produit des odeurs.”
Leçon retenue pour les lingettes lavables. Elles sont simplement rincées puis mises dans un filet. Puis rejoignent la machine qui est lancée dès qu'il y a suffisamment de linge. Selon le couple, pas la peine de tout laver à 60°C ou 90°C contrairement à ce qu'on préconise habituellement.
Pourquoi ? Toujours la preuve par les couches. Ils s'étaient mis à les laver avec le reste de linge (à température normale), et il n'y a jamais eu de problèmes. Donc, pour eux, tout va bien. Mais, mieux vaut en faire plus d'une lessive par semaine tout de même.
Pourquoi ne pas avoir choisi les WC à douchette comme au Japon ?
Une interrogation persiste. Pourquoi ne pas avoir opté pour des toilettes à douchette pour se rincer, comme celles communément utilisées en Afrique du Nord et en Asie - notamment au Japon, et éviter plus facilement le papier toilette ?
Car la famille veut passer aux toilettes sèches. Une douchette sur des toilettes sèches, c'est un peu absurde, on en convient. Et puis Marie craignait que la douchette devienne un jeu formidablement peu écolo pour les plus petits. On comprend aussi, même si on aime bien les jeux d'eau !
La transition n'est pas encore complète. Les parents racontent que leurs filles cachent parfois des mouchoirs (qui ne sont pas encore en tissu : c'est la prochaine étape pour la famille) pour s'en servir discrètement sur le trône de porcelaine, notamment pour y emballer leurs tampons, parce que sinon, “c'est un peu dégoûtant”, dixit Ysée, 13 ans.
Les parents aimeraient qu'elles passent à la coupe menstruelle, cela ferait un obstacle et un déchet de moins. Elles prennent leur temps, c'est leur corps, leur choix.
Reste un dernier mystère, quelles têtes feront leurs invités quand ils passeront au petit coin !
Bonus : Comment faire vos lingettes pour remplacer le papier toilette :
Marie confectionne elle-même les lingettes de lavage de la famille. Voici comment :
- Les lingettes mesurent 15 x 12 cm, mais Marie estime que c'est un peu trop grand.
- Elles sont faites avec du tissu nid d'abeille.
- Sur l'autre face, sont cousues des chutes de tissus colorés.
Alors, convaincu-es ?